samedi 30 juin 2012

Plus de photos que de mots


27 juin  Calgary - Strathmore, 59K

Statistiques pour les mordus de vélo…et les autres aussi:

- Soleil et vent d'ouest
- 35K à l'heure sur la moitié du parcours
- Utilisation du troisième plateau
- Vitesse de pointe sur le PLAT: 48.3K / hre
- Premier steak du voyage (boeuf de l'ouest)

Gros gros merci à Mary et Dale pour leur fantastique accueil.

Mary et Dale


Qui a dit que les filles avaient faim?



28 juin    Strathmore - Brooks 138K au SOLEIL avec un vent défavorable.

De Josée:

Les camionneurs et les automobilistes continuent de nous saluer avec leur klaxon, c'est habituel mais nous l'apprécions à chaque fois. J'aimerais tant pouvoir les remercier d'un signe de la main mais le guidon me garde captive et en sécurité.  Hélène, ma "PR" attitrée, se charge des salutations avec son large sourire !  Il faut que je le redise, nous formons une saprée belle paire, j'envie ces deux filles de partager dans l'harmonie autant de moments complices et heureux !!! 

Petite note persoLe 28 juin, beau temps oblige, Marie et moi avons décidé de sortir de notre campagne pour aller pédaler sur l'Île d'Orléans. Nous avons maintenu une vitesse moyenne de 40K à l'heure (20 chacune), nous en sommes plutôt fières. ;) 




Premier champ de canola

Pause pour le dîner.



29 juin, Brooks à Medecine Hat, 110 km soleil, nuages, moustiques piqueurs à l'arrêt et de bien belles photos…

Pause Kleenex



On est bien petit dans ce pays.


Il n'était pas 9h00 du soir mais bien 9h00 du matin !


30 juin, Medecine Hat, Maple Creek 111K sous le SOLEIL

Today, landing on "The Land of the Living Skies"; Saskatchewan, here they are. Prévision: encore 7 jours et elle sera traversée cette province à l'incommensurable horizon.

Josée nous résume cette journée:


Une affiche nous mettait en garde contre les bisons, pas un seul à l'horizon.  Bien des animaux morts sur le bord de la route, 2 oiseaux assommés par les truckers, 5 rats écrapoutillés, et un coyote éventré !!!  Wouachchchch !!!  Encore plusieurs troupeaux de vaches et un de moutons mais elles n'étaient pas encore transformées en viande hachée! 
Lors de notre pause syndicale au Visitors Center à la frontière de la Saskatchewan, Steve et Angela de Régina nous ont généreusement remis un don de 40$ et nous les remercions 40 fois ! 






mercredi 27 juin 2012

Les filles arrêtent de pédaler... la blogueuse aussi


23 juin - Lake Louise - Canmore 81K - 23.6K de moyenne

Hé les filles, il y a un spécial dans un magasin de sport de Calgary, que diriez-vous d'échanger vos chaussures de vélo pour des palmes ?  Vos photos ne souffrent pas de surexposition, c'est le moins qu'on puisse dire. Je dois avouer que j'essaie de leur donner un petit air de vacances en y ajoutant parfois quelques effets et le plus souvent une certaine luminosité. Sans cette tricherie, on verrait toujours vos belles faces dans l'ombre de gros nuages. Les rayons de soleil sont distribués au compte-goutte dans ce pays que vous visitez ? Je sais, je sais, c'est à l'intérieur de vous qu'il brille le soleil et ces temps gris n'affectent pas votre moral. Mais quand même, quelques éclaboussures de Galarneau sur vos casques de cyclistes seraient tout à fait bienvenues. Vous ne vous plaignez jamais mais là, après 18 jours de temps gris, vous avez ma bénédiction pour émettre quelques jurons bien sentis. J'ai même appris il y a quelques jours qu'il y avait eu des inondations à Sicamous, petit bled que je ne connaissais pas avant d'écrire votre histoire, lieu de votre dodo du 15 juin. Y a pas à dire quand vous passez, ça change  le paysage.

Donc, 81K de bruine intense … ou du moins de ciel chagrin. Parties de Lake Louise à 7hres, direction Bow Valley Parkway, après seulement quelques kilomètres vous décidez de rebrousser chemin vers la route Transcanadienne ayant appris par un bon samaritain que deux grizzlys faisaient la danse de la pluie sur le bord de la route - on comprend maintenant pourquoi il fait si mauvais. Six kilomètres plus loin une crevaison vous oblige à faire une pause d'une heure sur le bord de la route et aucun ours à l'horizon pour vous filer un coup de main. Vous deviez être décues…! Votre prudente décision de faire demi-tour me rassure quand à votre sécurité. Plus tard, un orage vous surprend - c'est drôle, mais moi, ça ne me surprend pas! - et vous devez vous abriter sous un viaduc pour manger votre collation. Avant la sortie pour Canmore, vous rencontrez Brenda et Barbara, les américaines "de mon âge et plus" qui vous attendent sur le bord de la route pour vous présenter leur compagnon, Buttercup. Une photo de cette rencontre fortuite en fait foi. Avant de profiter du repos du guerrier et de prendre une bonne douche au motel, Blackie rencontre son premier tandem du voyage et là encore nous avons une photo de ce couple qui s'apprêtent à partir en France pour célébrer leur 25ième anniversaire de mariage.

Je note qu'encore une fois vous profitez d'une réduction de 40$ sur le prix du motel. La raison officielle, celle que vous m'avez donnée: vous roulez pour amasser des fonds pour l'autisme. La raison officieuse, la mienne: vous avez des visages sympathiques et les gens se disent que vous êtes bien téméraires de traverser le Canada à un si jeune âge...!

Vous profitez d'une accalmie pour
prendre une photo.


Les trois "B"



24 juin - Canmore - Cochrane 81K

Quand j'ai parlé à Hélène et Josée, elles se disaient surprises d'avoir rencontré encore une cycliste qui faisait la traversée d'est en ouest. Considérant que les vents prédominants proviennent de l'ouest, il est plus logique d'entreprendre ce périple à partir de Vancouver. Nous avons essayé sans succès de trouver une bonne raison de faire le contraire. Il s'agissait encore une fois d'une dame "de mon âge et plus" qui voyageait seule. Pas mal téméraire pour une personne de l'âge d'or. Elle est partie le 1ier mai et pensait arriver à Vancouver douze jours plus tard. Assez impresionnant. Il est vrai que les voyages nous font parfois rencontrer de bien beaux êtres humains. 

Nos amies rouleront aujourd'hui sur la 1A loin de l'intense circulation de la Transcanadienne. J'imagine le plaisir qu'elles ont à pédaler aujourd'hui. Josée nous dit:

"C'est aujourd'hui que les paysages montagneux ne sont plus !… Que cette route sinueuse nous a rappelé le Bas St-Laurent et les Cantons de l'Est avec ses paysages vallonneux et ses champs !  Route de la faune parce que nous y avons vu des chevaux avec leurs poulains, des vaches, des ânes, des chevreuils, un lapin et un coyote !  C'est vraiment fini les montagnes !!!
La pluie s'est encore mise de la partie, nous sommes endurcies pour le reste du voyage !!! Nous logeons au Bow River Inn et nous avons eu droit à un prix réduit tout comme la veille au Rundle Mountain Lodge à Canmore.  Comme j'ai dit à mon chum, nous faisons des économies durant ce voyage !!! Avant de conclure, un bref aparté sur notre dîner.  Sur bonne recommandation du réceptionniste du motel, nous avons dîné au Guy's Cafe Bakery à environ 20 minutes de marche de notre chambre, crème d'asperges et sandwich au thon et au brie de 4 pouces d'épaisseur !  Jamais un tel sandwich ne m'a fait autant de bien, j'avais l'estomac dans les talons !!! Je vous assure, il avait 4 pouces de hauteur ce sandwich  !!!  Je regrette de ne pas l'avoir pris en photo ! "

25 juin - Cochrane - Calgary, 32 K...c'est comme une journée de congé

Blackie se repose chez Travis le fils des amis d'Hélène, Dale et Mary. Direction Airdrie en automobile - ça fait longtemps - où Hélène et Josée seront reçues comme des reines. Repos bien mérité.


26 juin - 0 K Tourisme en Alberta avec les amis.

Moins dangereux que les grizzlys






Un bout de patte d'un dinosaure
au Musée Tyrrell à Drumheller


Pont suspendu à Rosedale

Les Badlands


Drumheller Hoodoos





samedi 23 juin 2012

Nouvelle de dernière heure

Je viens juste de recevoir un message audio à deux voix, celle de nos athlètes. Publication immédiate m'ont-elles dit. Elles veulent me donner des précisions sur la journée du 22 juin à Lake Louise.

Comme elles se sentent en congé puisqu'elles sont arrivées à Lake Louise à 10hres, elles décident de profiter de cette belle journée de soleil en allant grimper une montagne au Centre de ski de Lake Louise. Il fait beau enfin, elles privilégient donc la montée en télésiège plutôt qu'en gondole, histoire de profiter entièrement de la vue sur ce panorama grandiose et d'en ressentir toute la magnificence. Quand le remonte-pente fait un arrêt, elles profitent de la nature et se racontent leur vie. Vingt minutes plus tard, elles sont toujours à la même place et rien n'a encore bougé. Comme elles ne savent pas ce qui se passe, elles appellent les renseignements au 411; le téléphoniste ne trouvant pas le numéro du Gondola de Lake Louise lui dit que cet endroit n'existe pas. Pour lui prouver son existence, Hélène lui mentionne qu'elles appellent justement d'un siège de ce centre et qu'elles sont suspendues entre ciel et terre, qu'elles voudraient bien parler à quelqu'un du Centre de ski pour qu'on leur dise ce qui se passe. Hélène nous dit: "Le gars a pensé qu'il parlait à deux folles…". Un autre essai au 411 plus fructueux et elles obtiennent le dit numéro de téléphone. Elles apprendront par le personnel de la place qu'il s'agit d'un problème électrique. Bon, elles prennent leur mal en patience et se disent qu'elles aimeraient bien pouvoir photographier un ours du haut des airs, bien à l'abri des griffes de ce vorace carnivore. Mais elles ont beau chercher ce sera peine perdue. 

Ce n'est qu'une heure plus tard que leur siège commencera à bouger très lentement vers le haut de la montagne. Tout doucement, grâce à la génératrice du centre, elles atteindront le sommet…sous la pluie. Elles courent vers le chalet pour s'abriter et commencent à jaser avec deux américaines qui étaient dans le siège qui les précédait: "Deux dames d'un certain âge… dans la soixantaine, je pense, dans la soixantaine et même plus…" Ici je me permets un commentaire les jeunes poulettes, c'est pas parce que vous rajeunissez que 60 ans, c'est un "certain âge", n'oubliez pas que votre fidèle blogueuse a elle aussi "…dans la soixantaine et même plus…" Voilà c'est dit. Donc, elles engagent une conversation avec Brenda et Barbara et elles apprendront que pendant qu'elles se racontaient des histoires de filles, un grizzly folâtrait dans la verdure juste sous leurs fesses assises dans le télésiège. Occupées qu'elles étaient à ne rien faire, elles ne l'ont même pas vu. Les américaines ont pris une photo de l'ours et on y voit aussi les jambes de nos cyclistes au repos. Il est possible que cette photo nous soit expédiée par les dames "d'un certain âge et plus" - enfin, si elles réussissent à trouver la touche "Send" de leur ordinateur.

L'histoire se termine quand elles redescendent en camionnette près avoir dégusté un thé, gratuité de la maison, et reçu un remboursement de 26$ de la compagnie de gondoles.

Mes amies, vous n'êtes vraiment pas obligées de vivre des aventures aussi rocambolesques pour me faire plaisir et pour que les chroniques de votre blogue soient captivantes. Votre fan club est maintenant bien établi et vous pouvez relaxer. 

vendredi 22 juin 2012

Fin du parcours montagneux


Voilà c'est fait. Première grande victoire sur la montagne mais surtout sur l'anxiété qui trop souvent ralentit nos ardeurs. Quand nous avons laissé nos cyclistes le 18 juin, elles sautillaient de joie devant un panneau routier: sur cette affiche on pouvait lire "Col Rogers, alt. 1330 m " et sur leurs visages la joie d'avoir surmonté leurs appréhensions et comme le disait Hélène: "Aujourd'hui, c'est la victoire de la persévérance et de la détermination sur la peur, cette empêcheuse de réussite". Cette difficile montée s'est encore faite sous la pluie et dans la froidure mais l'effort fourni leur a sûrement servi de chauffage central. Elles ont réussi à garder une moyenne da 14.1K pendant cette étape ce qui est remarquable.

Une seconde plus tard, Hélène a réussi...


Josée continue de grandir,
 elle a conquis le col du Rogers Pass !

Josée est fière


Après avoir immortalisé l'événement sur pellicule virtuelle, elles pensent déjà au prochain col, celui de Kicking Horse qu'elles franchiront dans quelques jours. Un fois arrivées en Alberta, la partie la plus exigeante physiquement sera alors derrière elles. Mais le temps de l'inquiétude n'est pas encore arrivé. 

Le lendemain, 19 juin elles descendent vers Golden et j'ai bien dit descendre car c'est pendant 20K qu'elles se laisseront aller vers le bas de la montagne et cette fois-ci ce n'est pas les jambes qui en prendront un coup mais bien les mains et les poignets de Josée qui n'en finissent plus de freiner le Blackie devenu vraiment trop fringant. Heureusement qu'elle obéit au doigt et à l'oeil cette belle bête noire ce qui constitue un souci de moins pour nos voyageuses. 20K en descendant, ça fait quand même du bien me direz-vous, au moins ça permet de respirer par le nez. Pendant ce parcours elles ont franchi quatre tunnels et mes recherches m'ont appris que ces passages ont été construits pour protéger les automobilistes des avalanches très fréquentes en certains endroits de la route. Josée raconte son passage dans l'un deux:

Nous avons traversé 4 tunnels lors de cette descente et l'un d'eux n'avait aucun éclairage ! Imaginez être sur un vélo en mouvement les yeux fermés, c'est à peu près ce que j'ai vu dans le premier tunnel, c'est-à-dire rien ! Impossible d'y percevoir quoique ce soit sur la surface asphaltée, de longues secondes pas tripantes ! Imaginez Hélène qui pensait que tout était sous contrôle !!!

Je me permets ici une petite digression à propos d'Hélène que je connais très peu. Je l'ai rencontrée deux fois. Sa venue à la maison à la fin du mois de mai avant leur départ s'est révélée très signifiante. Je n'ai pas de don particulier pour lire dans l'aura des gens mais je crois être assez sensible aux ondes qu'ils dégagent et je vous dis que cette belle grande femme m'a grandement impressionnée. Ce lâcher-prise face à la maladie de l'oeil qui l'afflige, ce désir tenace de réaliser un rêve avec son amie en acceptant de littéralement fermer les yeux sur le siège arrière et d'accorder à Josée toute sa confiance, cette joie de vivre qui l'habille de lumière et cette générosité qui semble la caractériser suscitent mon admiration. Je crois bien qu'on admire chez les autres ce qui nous fait défaut et mes amis vous le confirmeront, je ne me vois pas aujourd'hui faire preuve d'une telle abnégation face à l'adversité et d'un tel optimiste. Les filles, vous êtes de bien belles personnes. 

Reprenons le cours du récit. Elles viennent de profiter d'une descente de 20K, de plusieurs kilomètres de plats relatifs et elles doivent maintenant pédaler vers le haut, oui, oui, REMONTER…les 20K descendus. La route ne fait pas de cadeau même aux cyclistes les plus gentils, tout ce qui descend doit remonter. Donc grimper encore une fois sous la pluie accompagnées par la symphonie des vans qui vous éclaboussent en roulant sur un accotement souvent bien étroit et tout cela dans la bonne humeur la plus totale. Les soupes et les beignes de Tim et surtout le séchoir de la salle de bain ont été des atouts indispensables au bonheur de nos amies pendant plus d'une heure. Deux beaux jeunes gars ont fait la cour à Hélène chez Tim, pas surprenant quand on sait sentir le magnétisme qui émane d'elle. Le fait qu'ils aient été âgés de 2 ans confirme le vieil adage qui dit que "La vérité sort de la bouche des enfants".  Et comme le dit Josée, ça diminue la moyenne d'âge de leurs rencontres masculines. 

Elles continuent jusqu'à l'auberge de jeunesse confiantes qu'il fera beau demain. Elles y prendront une journée de repos, elles sont libres et dans une forme splendide et elles doivent se dire: "Comme la vie est bonne pour nous".

Ode à la douche chaude, selon Hélène:

Après le froid, après la pluie, après le vent avec ses poussières, après la sueur, après la crème solaire appliquée pour rien, après les éclaboussures des gros camions, après la fatigue, après les frissons, après les p'tites odeurs, après les découragements, après les rigolades folles, après les pleurs, après les peurs, après tout ça, le bonheur nous touche par centaines de gouttelettes chaudes, par un savon doux et qui sent bon et soudain tous les compteurs sont remis à zéro, les batteries sont rechargées et il ne reste que pure reconnaissance.



Apparition des rocheuses
entre le Col Rogers et Golden




Juste avant de prendre le tunnel que nous avons surnommé
le trou noir, pendant la descente du Col Roger




Photo d'un tunnel que j'ai prise
sur le Web. Lise



20 juin - Golden, jour de repos


Petit déjeuner à l'auberge de jeunesse, visite de la ville, randonnée pédestre le long de la rivière Kicking Horse, histoire de se mettre en forme, souper sur une terrasse puisque le beau temps est enfin là, farniente et rêverie. 

Un petit tour de vélo , Hélène ?

L'auberge de jeunesse "Kicking Horse River"

21 juin - Golden - Field 

C'est le jour du Col de la Kicking Horse. Je ne sais pas trop comment leur étalon va se comporter, espérons que le Blackie ne se rebutera pas dans la dernière montée importante. Premier imprévu: la route transcanadienne est fermée, une avalanche de rochers et de boue en a bloqué l'accès et c'est la route que les cyclistes doivent emprunter. Finalement, ce n'est que vers midi qu'elles apprennent que la circulation est rétablie dans le secteur. Toute une avalanche de rochers mais aucune photo n'est possible puisque comme le dira Josée: "… on nous a invitées à circuler sur la seule voie disponible et l'on avait arrêté la circulation pour nous permettre de passer en toute sécurité. Donc mauvais timing pour s'arrêter et prendre une photo. 60 KM TRÈS difficiles".

22 juin - Field - Lake Louise 28K 

Quand elles m'ont envoyé ce clip, elle s'apprêtaient à se payer une autre montée... mais cette fois-ci en gondole.


Clip d'Hélène et Josée









lundi 18 juin 2012

On surfe sur les émotions


Il me vient à l'esprit ce matin quelques mots du poète québécois St-Denys Garneau qui se lisent comme suit:

Je marche à côté d'une joie,
D'une joie qui n'est pas à moi,
D'une joie à moi que je ne peux pas prendre.

Je marche à côté de moi en joie
J’entends mon pas en joie qui marche à côté de moi
Mais je ne puis changer de place sur le trottoir
Je ne puis pas mettre mes pieds dans ces pas-là
et dire voilà c’est moi

Quand Hélène et Josée me racontent cette aventure qu'elles vivent, j'ai la certitude qu'elles ont réussi la métamorphose, qu'elles sont "portées par la danse de ces pas en joie", qu'elle ont réussi pour la durée de ce voyage à accorder leurs pas et à calquer leur démarche sur la félicité. Leur bonheur est palpable et j'ose le dire, quand elles me parlent, j'ai parfois l'impression de m'immiscer dans leur intimité et de n'en toucher que la frange par peur d'être taxée d'indiscrétion. Tout ce préambule pour vous dire que je sens qu'elles ne savent plus quels mots employer pour me faire sentir ce qu'elles vivent. Je reste parfois muette au téléphone ne sachant pas moi non plus dans quel sac de mots je dois fouiller pour leur dire que malgré l'éloignement je saisis ce qu'elle veulent me transmettre.

Cette démarche qu'elles ont entreprise, car c'est bien d'une démarche intérieure dont il s'agit et non d'un voyage de plaisir, les fait passer par une gamme d'émotions plus vives les unes que les autres. Quand elles rient c'est à n'en plus pouvoir respirer et quand elles sont touchées, elles pleurent comme des enfants. Le 15 juin, jour des 49 ans de Josée, alors qu'elles avaient pris une pause pour un deuxième petit-déjeuner dans un restaurant à Salmon Arm, Coranne Dolliver, la gérante leur offre le repas. Voilà nos deux amies qui éclatent en sanglots devant cette attention, laissant pantoise la gérante qui ne s'attendait pas à créer un tel émoi. Leurs émotions sont des rivièves en crue difficiles à endiguer.

Les journées débutent à l'aurore. Cela leur donne une marge de manoeuvre pour le cas où…Le 15 juin, elles parcourent 65K sur une route de montagnes qui n'étaient pas visibles dans la brume du matin. Parties de Sorrento, elles coucheront à Sicamous.


Bonne fête Josée



Une pause dans une montée à notre 52e km,
et une grosse décision à prendre sur le
pain aux raisins du lendemain matin !
Des "Beano" s'imposent !!! 



16 juin 2012. Sicamous - Revelstoke.

Téléphone de Josée vers la fin de la journée. Alors que le soleil décline derrière les cabanes en bois rond, nous lisons tranquilles sur le bord de la piscine. Elle commence la conversation: "Lise, là l'adrénaline est au plafond…Je te mets sur le "speaker". Quand Josée téléphone, c'est toujours les deux amies qui me racontent leur journée avec force détails qui sont des friandises pour la blogueuse que je suis qui adore qu'on lui raconte la chronique du jour. Pour vous dire, j'achète même des livres audio tant j'aime écouter des histoires. Et de me raconter ce jour-là  leur randonnée dans la flotte, dans la pluie ou dans l'orage, pédalant encore et encore sous des trombes d'eau, traversant des ruisseaux à la nage - là j'exagère un peu, mais c'est ce qu'il m'a semblé.  72K à pédaler sous la douche… et elles rient!

A l'arrivée, Hélène se précipite sous la douche - celle de la salle de bain cette-fois-ci - et Josée se rendant compte qu'elle a oublié ses sandales sort du motel retrouver Blackie qui portent encore les sacoches sur ses flancs. Elle revient avec les chaussures mais se rend bien vite compte qu'elle est à nouveau prisonnière de la bruine puisque la porte s'est verrouillée quand elle est sortie. Elle aura beau frapper pour qu'on lui ouvre, ce n'est qu'une fois la douche terminée qu'Hélène l'entendra enfin. Heureusement ce ne sera pas trop long. Alors qu'elle s'échinait sur la porte de la chambre, arrive Mrs Asha Singh, co-propriétaire du Canyon Motor Inn, tenant un plateau contenant deux bonnes soupes chaudes et deux gros sandwichs au jambon. Une gracieuseté de la maison qui avait aussi offert une réduction de 10$ sur le prix de la chambre. Et Josée de me dire que cette-fois, elle portait ses cuissards miraculeusement secs malgré le déluge de cette journée.

Les gants le prouvent...
je crois bien qu'il pleuvait





17 juin 2012 - Revelstoke - Canyon Hot Springs

35K de difficultés appréhendées. Le moment de vérité, l'étape la plus difficile depuis le départ. Josée en parle d'abondance. Aujourd'hui, elles feront face à LA montagne qu'elles craignent entre toutes. En direction de l'est à partir de Revelstoke, il y a Glacier Park et dans ce parc le "Roger's Pass": 70K de montées souvent abruptes, 1327m de dénivellé et c'est la peur de l'échec qui hante leurs pensées.Je sais ce que vous pensez. Comme moi, vous vous dites qu'elles réussiront certainement et que tout se passera comme cela s'est passé depuis le début.  Car comment pourrait-elles échouer nos idoles ?

Avant de partir ce matin, un coup de téléphone à leurs amoureux. Pour le courage. Et les voilà qui enfourchent Blackie dans la grisaille d'un temps pluvieux - cela vous surprend-il - pour une première étape de 35K vers Canyon Hot Springs où elles se reposeront à l'abri des ours dans une cabine louée pour la circonstance. 

Cet arrêt nous donne confiance, nous permet de demeurer à l'intérieur de nos limites, et de surcroît nous accorde une petite vacance dans un lieu sécuritaire…Nous en sommes fières de ce 17 juin 2012,  jour de la fête des Pères, de France et de Roger, où il nous aura été donné de vaincre notre peur.  Rogers Pass, here we come !!! 

Un petit air de vacances


Nouvelle de dernière heure. 
Au moment où j'allais publier ce message sur le blogue, aujourd'hui, 18 juin vers 15 hres,  je recevais une photo de Josée prise au sommet de Roger's Pass. 
"They did it... encore une fois bravo !"



Le récit de cette journée suivra dans le prochain "post".








vendredi 15 juin 2012

Go les filles, go girls...


14 juin 2012

Je vois par la fenêtre de la salle à dîner le soleil qui éclabousse mes amis assis sur le bord de la piscine. Ils semblent heureux, détendus, je peux me permettre une escapade mentale puisque Marie leur tient compagnie. Je viens juste de lire le commentaire d'André, "l'amoureux"(1) d'Hélène et j'en suis toute émue. Je tape délicatement sur les touches du clavier comme si je voulais chuchoter. Je suis si heureuse de pouvoir vivre cette aventure par procuration comme une sorte de voyeuse qui incapable d'éprouver les émotions que procure l'accomplissement du rêve d'une vie, les dessineraient avec des mots. Je renoue avec l'écriture qui a été la soupape de ma jeunesse et on dirait bien que ces fabuleuses endorphines qui poussent mes amies à pédaler plus fort, encore plus fort, nourrissent mon cerveau dopé à la caféine.

(1) C'est à dessein que j'emploie ce terme "l'amoureux" qui me rappelle Élie, le fils autiste de Natalie et Marc, car c'est de cette façon peu orthodoxe qu'il décrit les conjoints et conjointes des amis de ses parents.

Coup d'oeil à la fenêtre. Toutes les têtes se tournent vers la rivière. Les regards sont attentifs. Y aurait-il des kayakistes qui descendent la Montmorency ? Je me lève et j'aperçois un fauve prêt à l'attaque et un mètre plus loin sa proie imprudente. Bien sûr, il s'agit de minou qui, bien que nourri ce matin par mes bons soins, se lance à la poursuite des tamias. La vie. La vie douce et tranquille dans les rires qui soudain résonnent.

J'imagine qu'à cette heure (il est midi et 9 hres pour elles), mes amies cyclistes ont déjà bien des kilomètres dans les mollets. Tiens je vais vérifier leur position sur le iPad. Si Josée a laissé son iPhone ouvert je les verrai sur la carte. Je les localise finalement sur la rue Columbia à Kamloops, information datant d'hier à 17H13.

16h30 à Ste-Brigitte et 13h30 à l'ouest, les voici qui apparaissent sur la HWY 1 le long du Shuswap Lake près de la ville de Chase. Déjà 73K depuis le départ de Kamloops. Attention les filles "Big Brother" vous surveille.


Vue de la ville de Kamloops

En plus de rajeunir, elle grandit !
Village miniature entre Cache Creek et Savona.



On rebobine maintenant jusqu'au 12 juin: Cache Creek / Kamloops. 85K qui apprendront à nos pédaleuses que plus tu bouffes de l'asphalte plus tu perds des calories. Un Hagen Daaz ne produit que 20 minutes d'énergie dans la "Six Miles Hill". Au menu du dîner, des wraps à la dinde fumée et au fromage, quelques carottes, du jus et du chocolat.

Journée mémorable pour Josée qui fera l'apprentissage du "Go Girl" prêté par Hélène. Avant de continuer, voici la définition de l'outil trouvée sur leur site:  If you camp, you'll love GoGirl. If you ski, you'll love GoGirl. If you boat, you'll love GoGirl. If you travel, you'll love GoGirl. If you just want to avoid the germs you find in nasty public toilets, you'll love GoGirl. En gros et en français: un accessoire rose pour uriner debout. J'imagine donc facilement Josée, morte de rire, debout devant un bosquet, la moitié des fesses à l'air essayant de se concentrer pour agir avec assez de détermination et de souplesse pour ne pas mouiller ses nombreuses couches de vêtements - cuissard, pantalon de lycra et pantalon de pluie. Parce qu'il est mou ce bidule de silicone, je le sais pour en avoir fait usage une ou deux fois avec des succès plus ou moins mitigés. Et Hélène qui fait semblant de ne pas être là et qui regarde ailleurs ou au contraire qui donne ses conseils à notre apprenti-garçon qui manque de concentration pour parvenir à un résultat qui soulage. Quand Josée m'écrit qu'elle "est dans sa courbe d'apprentissage", je comprends que sa première pratique avec le bidule en question s'est révélée un peu humide... Désolée, elles ne m'ont pas envoyé de photo de l'événement.

En plus d'avaler de l'asphalte,
 la nuit elles respirent du caoutchouc.
13 juin 2012

Enfin un jour de repos. Elles en profitent pour faire le lavage, se rendre au "bike shop", dîner sur la terrasse du "Hello Toast" à Kamloops, faire un peu de vélo (!!!) et surtout... respirer par le nez.

Vous n'enlevez jamais vos chapeaux...?


14 juin 2012

Kamloops / Sorrento, 80 K en 1/2 journée à raison de 21,7k à l'heure, bravo les girls. Parcours plat, en bruit de fond, le vacarme produit par des dizaines de camions lourds à la queue leu leu, un autre don de 20$ de Bette Kyle citoyenne de Chase, impressionnée par leur équipage lors de leur visite au Centre d'information touristique. Une autre rencontre avec un "vieux"de 70 ans: quand on a 30 ans, les gens de cet âge sont vieux. Voici une description de cette rencontre que Josée m'a envoyée:

"À défaut d'être redondantes, un automobiliste s'est arrêté sur la Transcanadienne pour venir à notre rencontre, non pas pour nous voir  mais bien pour voir notre tandem ! Il nous a dit qu'il n'avait jamais vu un vélo tandem de sa vie sans même  daigner jeter un regard à ses 2 propriétaires !  Et devinez quel âge il avait ? Dans les 70 ans !  Eh oui, un autre !!! Hugh et André sont "safe" ! De toute façon,  peu importe leur âge, ils n'ont de yeux que pour Blackie !  Ils sont tous comme notre mécano au "bike shop" de Vancouver qui a dit spontanément: " What a beauty !!! " Évidence, ce compliment ne nous était pas destiné !"


Avant de vous quitter, en ce quinzième jour du mois de juin 2012, pendant que le soleil brille et que le vent ébouriffe les longs cheveux des feuillus dans la montagne en face, voici un clip fraîchement tourné à Ste-Brigitte pour notre amie Josée.

Un clic sur l'image pour un clip video.




Nouvelle de dernière heure, 15 juin 2012, 19h:22m:21sec. Josée vient de laisser un message: elle n'a pas mouillé sa culotte lors de  l'utilisation du Go-Girl. Merci Josée de cette précision.








mercredi 13 juin 2012

Au milieu de nulle part


Hier le 12 juin 2012 à Ste-Brigitte, une journée volée à la grisaille: la météo prévoyait de la pluie mais le soleil nous a accompagnées sur le bord de la piscine. Nos amies Élise et Carole qui sont à la maison pour quelques jours ont pu en profiter un peu avant la pluie de ce matin.

Hier aussi un téléphone à Marie-Elaine de "Autisme Québec" qui me fournira périodiquement le montant des dons amassés pour l'organisme: voir l'image du thermomètre à droite de l'écran.  Autre nouveauté: une carte (encore à droite de l'écran) qui vous permettra de suivre les cyclistes jour après jour.

Je vous laisse avec le texte et les photos que Josée m'a envoyés lundi.

9 juin
C'est nuageux et il fait 10 degrés C.
Nous donnons nos premiers coups de pédale sur la route Transcanadienne en direction de Boston Bar. Nous nous nous éloignons  des lieux urbains pour nous diriger vers les villages situés au milieu de nulle part. Je vous assure que nous nous sentons petites dans cette immensité de la "Fraser Valley". Les montagnes aux sommets enneigés et les canyons nous entourent. Les paysages sont splendides!  Le chant des oiseaux, le bruit des rivières, le bruit des trains sur leurs rails, le grincement des pancartes de signalisation, l'eau qui coule le long des précipices, le bruit du vent sur les feuilles, autant de choses et de sensations qu'il nous est donné de vivre en cyclotourisme !  Parfois on est tellement dans l'effort que cela nous fait respirer par la bouche, Hélène m'a dit que lorsqu'elle voit des rosiers sauvages, elle se force de respirer par le nez ! L'odeur des fleurs sauvages, ça vient toucher la corde sensible de mon moteur arrière !!!  La route nous a offert un beau mélange de km "gratis" et de km difficiles à gagner, des côtes il y en a eu !!!  Nous apprécions les p'tits panneaux jaunes qui annoncent aux automobilistes et aux camionneurs la fin de la voie de dépassement dans les montées!  Un parcours de 73 km bien rempli avec 7 tunnels à traverser!  Nous logeons ce soir au Alpine Motel à Boston Bar ! Vivement les douches chaudes !

Entrée d'un tunnel entre Hope et Boston Bar

Vallée de la Rivière Fraser

Encore un tunnel

10 juin
C'est nuageux, encore !  Il fait 12 degrés C au moment de notre départ de Boston Bar à 6h45AM. Pas de pluie mais toujours ces nuages qui s'accrochent dans le haut des montagnes.  Des montées, des descentes, des montées, des descentes, que ça dans notre journée de 75 km !!!  Nous avons marché à côté de Blackie pendant quelques mètres, à la demande d'Hélène qui avait besoin d'un break syndical, durant notre montée de Jackass Mountain (361m) .  Hier ce fut à mon tour de demander la pause, mes jambes en auraient pris encore mais mon "postérieur" ne se pouvait plus!  Nous avons pris notre premier déjeûner de "trucker" du voyage à Lytton au Little Town Deli à mi-parcours.  Il était 9h30 et c'était notre 2ème déjeûner de la journée! Torin et Andrea, des clients du resto, nous ont fait un don de 20$, nous leur en sommes reconnaissantes.  Séance de photos officielle et un cycliste dans les 70 ans s'est approché de nous avec sa bécane modèle assis à 2 pouces du sol avec dossier et les jambes à l'horizontal.  Quel confort son engin, Hélène peut en témoigner, j'ai presque failli perdre ma comparse pour le restant du voyage !!!  Depuis Lytton, il fait soleil avec un beau 22 degrés , un vent fort de l'ouest, le décor est désertique comme au Nevada ! Nous avons cherché Las Vegas et nous ne l'avons pas trouvé :-) ! Il y a tous ces trains qui roulent à nos côtés à toutes les 5 minutes et 3 d'entre eux nous ont saluées de la main et avec leur coup de sifflet !!!  Nous avons déniché la seule petite auberge du village, le Spences Bridge Inn , la plus vieille en B-C à n'avoir jamais fermé ses portes et nous avons une chambre avec vue sur la Thompson River. Hélène et moi avons l'impression d'avoir été téléportées dans le cœur du Far West !  Est-il nécessaire de vous dire que nous avons ben du fun ensemble ! 
Hélène teste un nouveau moyen de locomotion

Montée de la Jackass Mountain

Je porte mon maillot depuis notre départ ...
Et mon ange de protection !!! Salut la gang !

11 juin
IL FAIT BEAU !!!!!!!, 20 degrés C à 7h30 lors de notre départ de Spences Bridge et il fera 27 degrés en PM mais notre journée de vélo se termine  à 11h30 à Cache Creek comme prévu après 50 km.  Une route de montées et de descentes.  Il en sera de même jusqu'en Alberta !!! Nous sommes estomaquées par les montagnes arides.  Nous avons pris notre collation devant un ranch ! Ma foi,  nous sommes au beau milieu du désert au Canada !!!  Nous avons fait la rencontre d'un cycliste américain du New-Jersey qui roule comme nous sur la Transcanadienne à la différence qu'il est âgé de 79 ans !!!  Ça donne de l'espoir aux mères de 48 et 49 ans que nous sommes !  Décidément nous attirons la gente masculine d'âge honorable ! :-). Demain, une mega montée nous attend dès les premiers km, une grosse journée en perspective vers Kamloops !  Mais comme nous sommes totalement dans le moment présent, nous profitons de nos heures de repos et sommes heureuses de retrouver un accès à internet pour lire le dernier post du blogue et tous vos bons commentaires. Ciao !


dimanche 10 juin 2012

Quand le cyclotourisme vous rajeunit

Le 7 juin 2012

La dernière fois que nous avons eu des nouvelles, il pleuvait des cordes entre Vancouver et Maple Ridge. Le lendemain 7 juin,  il pleuvait à verse entre Maple Ridge et Mission. Seulement 28 kilomètres mais sur un vélo amphibie (j'exagère à peine) dont le pneu avant a crevé sur une route 7 achalandée comme c'est pas permis et seulement après avoir parcouru 5 kilomètres.

Ça commence bien! On retrousse les manches des imperméables, on enlève les gants déjà mouillés et on plonge dans la graisse de bicycle que toute cette eau qui tombe n'arrivera même pas à nettoyer. Se retrouver sales sous la pluie à jouer dans le pneu et les rayons d'une roue de vélo pendant que des fardiers vous éclaboussent, il y a des définitions du bonheur qui sont plus convaincantes. Detrompez-vous. Ceux qui ont pédalé sous la pluie avec dans la tête le seul plaisir de rouler vous le confirmeront, il se produit dans de telles circonstances une sorte de joie sauvage à se trouver confrontés à la nature. Devant un problème soluble (jeu de mots volontaire) nous retrouvons l'instinct de jeu de l'enfant que nous avons été et nous voilà à rigoler en réparant cette crevaison qui autrement nous aurait fait sacrer. Qu'y a-t-il d'autre à faire à ce moment-là? Pas de rendez-vous urgent à l'agenda, pas de rencontre avec le boss dans une heure rien d'autre à faire que de passer du bon temps sur le bord d'une autoroute en s'amusant avec une amie que nous avons choisie pour le meilleur et pour le pire pour les trois prochains mois. Voilà comment elles ont vécu la chose nos deux comparses, il y a sûrement là-dessous une montée d'endorphines tout à fait légale...

Plus tard le chili, le pain et les crudités du Safeway ont été dévorés avec beaucoup d'appétit et j'imagine bien que le sommeil ne s'est pas fait attendre dans la chambre d'un motel de Mission. Je ne peux pas terminer le récit de cette journée sans vous dire qu'au menu du petit-déjeuner, il y a eu la rencontre de deux vieux messieurs finlandais qui ont fait un don de 20$ pour Autisme Québec et qui les ont pris pour des jeunes femmes dans la trentaine.  Je ne sais pas ce qui leur a fait le plus plaisir, le don ou le compliment ?

Le 8 juin 2012,

Mission-Hope, 86 kilomètres sans crevaison, seulement quelques ajustements de la roue avant qu'Hélène fera comme une pro. Josée prend de l'assurance et conduit le tandem sans les mains. Je blague. Elle m'a écrit que maintenant elle osait "...me détacher une main de temps à autre de mon guidon question de relaxer les bras sans que cela ne me donne l'impression de perdre le contrôle de la conduite." 


Mission-Hope, dernier tronçon de route plutôt plane, un bel accotement sur la 7 et des paysages de montagnes. Elles n'ont pas pris de photo du panorama créé par les Rocheuses, il pleut encore. Elles rencontrent trois cyclistes, encore de vieux messieurs - décidément !- qui traversent le Canada et qui cette fois les prennent pour des jeunes femmes dans la vingtaine...!!! Deux choses: ou les filles se paient ma gueule ou le cyclotourisme rajeunit ceux qui le pratique. En tout cas, moi à leur place je ferais bien attention car à ce train-là, elle seront trop jeunes pour se payer un verre de vin en Alberta.

Ces messieurs non plus ne font pas leur âge.
Ça doit être le déguisement...


Changement d'itinéraire pour  la suite de voyage: après avoir passé par un Centre d'information touristique, elles prendront la Transcanadienne au lieu de la route 3. Il y aurait plus de commodités et moins de montées. Direction Hope-Boston Bar pour le lendemain matin.

Autre anecdote. Comme elles doivent mettre Blackie et Bob à l'écurie de leur gîte, elles engagent la conversation avec le propriétaire du Park Motel de la ville de Hope. M. Park, Sud-Coréen d'origine est bien content que nos cyclistes n'insistent pas pour coucher avec leurs gros animaux de compagnie et leur fait de la place dans sa buanderie. Aussitôt la chose réglée, elles se rendent à la chambre. Hélène se rue vers la douche et Josée enlève ses vêtements détrempés. On frappe à la porte et Josée, voyant par l'oeilleton qu'il s'agit du propriétaire, ouvre malgré son accoutrement. C'est en bobettes et t-shirt qu'elle recevra le don de 20$ que lui remet son aubergiste. M. Park est très concerné par la cause puisqu'il y a oeuvré dans son pays et qu'encore aujourd'hui il prend soin d'un enfant autiste trois heures par jour.

9 juin 2012

Aujourd'hui les geais bleus, les pics bois et les roselins se remplacent aux mangeoires de notre maison de retraite à Ste-Brigitte. Les pics jettent les graines de tournesol par terre ce qui nourrira les tamias qui à leur tour serviront de jouet à la chatte du voisinage qui nous en fera cadeau avant de les déguster. Tartare d'écureuil qu'elle savoure préférablement à l'ombre sous le lilas. Rien ne se perd.

On parle à Hélène et Josée ce matin et on voit leurs belles binettes réjouies grâce à FaceTime. On les laisse pour quelques jours de silence puisque les réseaux ne seront pas disponibles dans le secteur vers lequel elle se dirige. Je leur suggère d'utiliser la méthode autochtone, les signaux de fumée, mais il semble qu'il pleut trop dans la région. Je vous laisse en vous transmettant un message de nos "jeunes filles":

... Et j 'aimerais que tu dises à tous ceux qui nous ont écrit sur le blogue un GROS merci, que nous apprécions immensément lire leurs commentaires, nous n'en manquons pas un seul !


jeudi 7 juin 2012

A vos marques... prêtes... partez...


Après leur voyage en première classe dans la soute à gros bagages d'un avion de West Jet, Blackie et Bob se pointent le nez au poste des bagages "oversize". Je ne fais qu'imaginer le soulagement de nos deux voyageuses. Accueillies par des membres de la famille de Josée, elles se rendent chez Brian et Michele où elles seront "reçues comme des reines, une hospitalité digne du Ritz Carlton" dira Josée. Le lendemain, elles remontent le tandem et le Bob avec l'aide de Brian et trouve tout au fond de la grosse boîte une missive que Marie et moi avions laissée, un dernier clin d'oeil de Québec pour nos amies. Voici les derniers mots que nous leur avons adressés au nom de tous ceux qui les suivront dans cette aventure.


Heureux qui comme Blackie a fait un beau voyage ! Même si vous avez eu quelque misère à faire entrer ce diable de tandem dans sa boîte, il est maintenant béni puisqu’il a voyagé sur les ailes d’un ange d’acier et qu’il continuera son parcours vers la maison propulsé par les jambes de deux anges de chair et d’os. Bon voyage et soyez prudentes. Ayez toujours à l’esprit que des dizaines de personnes qui vous aiment attendent votre retour.


Le 5 juin, première randonnée en tandem dans Vancouver la fleurie, nos aventurières feront trois choses essentielles ce jour là: dernière mise au point du tandem, boire du chocolat à la guimauve et se mettre les orteils dans l'océan Pacifique à Jericho Bay, dans une eau à 15C.
(Pour voir une petite video du départ de la randonnée d'essai CLIQUER ICI)



7 juin, 2012

Il pleut à Maple Ridge, B.C. ce matin. C'est du moins ce que nous apprend Meteo Media. Mais comme le dit si bien Mariette, cela prépare le beau temps. Hier au retour de quelques emplettes, un message de Josée dans notre boîte vocale et ce matin du 7 juin dans ma boîte de courriel un résumé de la première journée de ce voyage à dos de tandem. Je vous transmets le récit intégral de ces premières heures racontées par Josée dans ce message mais avant de lire ce récit si vous voulez voir une video du départ de Vancouver, CLIQUER ICI.



C'est ici que notre projet donne place à la RÉALITÉ ! Nous sommes dans la cour arrière chez Michèle et Brian et nous chargeons Blackie de ses sacoches et de sa remorque, nous installons nos affiches " Traversée Vancouver - Québec pour l'autisme", puis nous prenons place sur la ligne de départ.  Brian prend les photos et vidéos d'usage, nous sommes TRÈS TRÈS nerveuses, nous pleurons comme des veaux dans les bras l'une de l'autre, l'émotion est à son comble.  Et en plus, il faut dire " au revoir" à nos bien-aimés Michèle, Brian et Natasha qui ont tant fait pour nous et qui nous ont traitées aux petits oignons depuis les 2 derniers jours.  Nos premiers coups de pédale sont donnés 2 heures plus tard que prévu, à 10h sonné, nous sommes escortées de John  un ami de tante Jeannine qui est venu à notre rencontre à vélo. BYE tout le monde !!!!!!!!!!  C'est la 1re fois que je pédale avec un sanglot dans la gorge et les larmes aux yeux, pas pratique pour la conduite !
Nous avons emprunté la 10th Avenue, la Central Valley Bike Route, une route bondée d'arbres majestueux, Vancouver est une ville splendide! Les piétons, les cyclistes et les automobilistes nous abordent sur la route et Mary , une cycliste dans la soixantaine avancée , qui a elle-même roulé Vancouver-Thunder Bay il y a 4 ans, nous a gentiment offert sa carte détaillée de Vancouver et fourni une information on ne peut plus utile que le pont Portmann est prohibé aux cyclistes!!!  Nous avons avons dégusté notre sandwich soigneusement préparé par Michèle à Coquitlam , un bon lunch tout cuit dans l'bec !  
Alors que nous nous dirigeons vers une AUTOROUTE....un jeune et beau gars du chantier de construction dans lequel nous avons abouti sur le top d' un viaduc !!!! nous a gentiment indiqué la route à prendre !  Deux touristes québécoises dans B-C ! :-)
Une journée de "tortillonnage", de stop and go.  Nous couchons à Maple Ridge après une journée de 52 km et d'émotions fortes.  Nous sommes contentes de notre 1re journée et le soleil était au rendez-vous !!!